L'interview
de Jones et Lee
Dans la première partie, nous vous avons
proposé une interview de Hironobu Sakaguchi. Dans cette partie,
nous vous propose celle de Andy Jones, directeur d'animation et
Chris Lee, le deuxième producteur du film (le premier étant
Jun Aida). Les deux nous en apprennent un peu au sujet du film.
Ils abordent les projets marketing, les voix d'acteur et en quoi
ce film marque une transition avec les autres films d'animation.
Presse :
Quelle est la chose la plus intéressante que vous ayez apprise
grâce à ce projet ? Andy
Jones : (rires) Au fond, pour moi, c'est
d'être capable de créer la vie. C'est le rêve
d'un artiste de pouvoir créer sur une vie aussi réelle.
Les gens peuvent croire que c'est la vie. C'est vivant, c'est toujours
intéressant. Chris Lee : Pour moi, c'est d'être investi dans un projet qui
commença il y a quatre ans. Ayant travaillé pendant
trente ans dans les studios (je suis maintenant producteur depuis
deux ans), je trouve ce projet totalement révolutionnaire,
tant dans son éxécution que dans sa conception. Beaucoup
de jeux ont été convertis en film mais jamais par
le créateur du jeu lui-même. C'est un projet très
excitant, c'est comme un testament au désir de Sakaguchi
qui veut repousser tout ce qui a déjà été
fait. Presse : C'est le premier film de M.Sakaguchi, il n'a travaillé
que des sur des jeux dans le passé. Comment était-ce
de travailler avec lui ? Y a t'il eu des moments d'apprentissage
? Andy Jones :
Je pense qu'il est simplement un grand conteur. Je pense qu'il a
un très grand sens de l'histoire et un grand esprit visuel.
Je n'ai pas travaillé avec lui sur des jeux, mais tous ceux
qui l'ont déjà fait - comme Sakamura - disent que
cela a été un plaisir pour eux de travailler avec
lui. Et c'est la même chose pour moi. C'es principalement
sa capacité à conduire une histoire, à percevoir
les images, le travail des caméras. Il a une très
bonne vision. Chris Lee : Je pense que des jeux comme Final Fantasy, Vagrant Story,
Parasite Eve ou encore The Bouncer sont comme des films. Les vidéos
en CG sont incroyables. Personne n'a atteint un aussi bon résultat
que Square. Donc je pense que cela a du être relativement
facile pour lui de passer du jeu au film. Je me souviens de l'une
de nos premières discussion il y a quelques années
dans laquelle il me disait qu'il fallait remplacer les scènes
intéractives des jeux par des histoires via des images de
synthèse. Andy Jones : Il a déjà une approche très cinématographique
du jeu, donc pour lui la transition est facile. Chris Lee : Et si vous avez
ce Chris Roberts a fait avec Wing Xommander - et je sais que Chris
est un gars bien - ce n'était pas un bon film. Si vous ne
connaissiez pas le jeu, vous étiez complétement perdu.
Donc l'approche de Sakaguchi a été différente.
Il a voulu conservé l'esprit fondamental de Final Fantasy
(la vie, la mort) mais a enlevé plein de choses pour que
les gens qui n'ont pas joué au jeu puisse comprendre le film.
Presse :
Cela doit être excitant de pouvoir partager un film comme
cela ... Le fait que Sakaguchi soit un grand conteur, l'histoire
très adulte ... Comme vous dites 'Créer la vie', ce
doit être passionnant. Andy
Jones : Ca l'est, et je pense que le média
qu'est le cinéma l'est aussi. La nature de l'histoire est
très éxcitante également. Nous essayons de
faire plus que de l'animation. L'âge pour le film est entre
12 ... Chris Lee :
Oui, entre 12 et 34 probablement, le même âge que pour
le jeu. Andy Jones : Mais c'est une bonne histoire, tous les âges l'apprécieront.
Introduction dans le marché
américain Presse : Avez-vous anticipé
certaines difficultés de marketing, parce ce n'est peut-être
pas un film d'animation comme le public américain les aime,
ce n'est pas un film d'action comme nous sommes habitués
de voir. Et au japon, les personnes préfèrent peut-être
des films plus traditionnels, adaptés aux adultes, mais êtes
vous inquiets conernant les Etats-Unis ? Chris
Lee : Hollywood est comme la loi, elle
est basée sur le précédent. Personne n'aime
être le premier. Mais les très bons avocats sont ceux
qui créent la loi plutôt que simplement l'embellir.
Il y a toujours un risque d'être le premier, mais si nous
n'avions pas le niveau pour le faire, nous ne l'aurions pas fait.
Mais j'ai remarqué des convergences entre les jeux et les
films et je pense que le public, celui qui est le plus intéressé
par notre projet, sera avec nous. J'ai quelques théories
sur l'évolution des jeux (aspect esthétique,histoire)
par rapport au public d'aujourd'hui. Je pense que les jeux évoluent
en fonction du public. Et je pense que le film 'Matrix' est un excellent
exemple de jeu qui est littéralement un jeu : il y a différents
niveaux, différents environnements, il faut apprendre comment
combattre, donc les spectateurs sont profondément impliqués
dans l'histoire. Nouvelle animation,
nouvelle technologie Presse : D'après Sakaguchi
et Aida, il pourrait y avoir un deuxième film. Avez-vous
réfléchi comment le faire à un niveau encore
supérieur ? Andy Jones : Au fur et à mesure que nous avions dans le projet,
nous avons vu des choses que nous pourrions vraiment améliorer
mais nous pouvons seulement faire ce que le matériel nous
permet. Je pense qu'il y a d'énormes améliorations
que nous pouvons faire pour le prochain film quand la technologie
le permettra. Par exemple, des personnages et des environnements
encore plus réalistes. Presse
: Pensez-vous qu'il y aura beaucoup d'améliorations
dans l'animation du visage ? Andy
Jones : Ouais, beaucoup dans l'animation
du visage. Il y a également beaucoup de progrès à
faire dans la luminosité. Je ne sais pas si je peux en parler
mais nous sommes en train de développer un programme fait
maison pour cela. C'est une approche totalement différente
de ce que nous avons fait. Cela existe déjà, mais
c'est extrêmement cher ! Cela demande de 10 à 100 fois
plus de temps de ce que nous faisons maintenant mais nous le faisons
... Square USA Pr. : Je pense que tu en as assez dit. (sourires) Andy Jones : Mais, nous sommes
en train de développer des manières de le faire plus
rapidement, plus efficacement, et donc de façon moins coûteuse.
Presse :
Vous parliez des difficultés du marché, mais ne croyez-vous
pas que le film va pouvoir faire une nouvelle renommée au
jeu ? Chris Lee :
Vous parlez du jeu Final Fantasy ? Presse
: Ouais, X et XI arrivent bientôt.
Chris Lee :
Quand Final Fantasy X sortira sur PS2, il y aura une bande annonce
codée sur le disque, autant que je sache. De la même
façon, il est possible que le film élargisse notre
public.Nous avons vraiment des opportunités de croiser les
deux marchés. Presse : Comment avez-vous choisi les voix pour le film ? Aviez-vous
déjà des idées de personnes dès le début
du projet ? Chris Lee : Nous avons quasiment eu toutes les voix que nous voulions,
je pense. Seules quelques personnes n'ont pas accepté. Au
début, ce ne devait pas être Peri Gilpin pour Jane
mais Janeane Garofalo. La création des personnages est l'une
des plus dures choses que nous avons du faire, créer des
gens et non digitaliser des acteurs vivants. Mais comment créer
une personne en partant de rien ? Cela a pris longtemps avant que
nous mettions des voix. Alors même si dans le script il y
avait un soldat noir et qu'Aki était à moitié
japonaise, ce n'était quand même pas très clair.
Nous avons simplement pensé après aux meilleurs personnes
qui pourraient faire chaque personnage. Pour Steve Buscemei, c'est
le premier film d'animation, ce qui est très excitant pour
nous. Selon moi, il était important que les soldats de Deep
Eyes aient beaucoup d'humour. Donc nous avons choisi Steve, Ving
[Rhames] et Peri. James Woods est vraiment le mauvais gars alors
que Donal Sutherland est simplement ... amusant. Vous n'avez oas
vu de clip avec lui mais il est si excellent. Il apporte tant d'équilibre
à Dr.Ci, le scientifique, mentor d'Aki. Images de synthèse VS Vrais acteurs Presse : Quel impact pensez-vous que ce film aura sur Hollywood
? L'animation a évolué de Toy Story à Dinosaures,
et plus en plus de studios s'impliquent dans l'image de synthèse,
mais quel impact pensez-vous que le film aura ? Chris Lee : Je pense que
d'autres personnes vont vouloir faire pareil. Je pense que c'est
une certaine forme d'application de la technologie qui n'a pas de
sens pour un film romantique de Adam Sandler mais qui en a pour
un film de James Cameron ou un Matrix-like. Cela nous permet réellement
d'aller dans des mondes et des endroits où nous n'aurions
jamais peu aller normalement, et même si cela avait été
possible, cela aurait couté beaucoup plus cher, je pense.
Je ne sais pas qui le fera après Square, mais pour être
honnête avec vous, peu de compagnies sont capables de le faire
(Pixar,Dream Works, Digital Domain). Presse
: A votre avis, est-ce que les images
de synthèse vont un jour remplacer les acteurs ? Verra t'on
plus de personnages en images de synthèses ? Chris Lee : Non. Andy Jones : Non. Chris Lee : Nous avons parlé
du choix des acteurs, et bien, je pense que sans la qualité
de leur doublage, même si le travail d'Andy est excellent,
nous n'aurions pas atteint un tel degré de réalité.
Andy Jones :
C'est eux qui permettent une telle réussite. Jimmy Woods,
Donald Sutherland, ils sont en quelque sorte les principaux acteurs.
Nous n'utilisons pas leur corps mais nous utilisons leur voix comme
dans tout film d'animation. Andy Jones
: Il y aussi l'argument que nous employé
trois acteurs : le personnage en lui-même [ex: Gray], la voix
[ex: Alec Baldwin] et la personne utilisée pour la capture
de mouvements [Douglas David Walter]. Chris
Lee : Il est vrai que ce sont ces animateurs
qui apportent la vie mais ce sont tout de même nos acteurs
qui amènent la réussite.
Le marché américain Presse : Etes-vous excités de voir que les gens comparent
ce film à Star War ou à Toy Story ? Andy Jones : Ouais, c'est
particulièrement excitant, vraiment. Voir que tout se développe,
voir ce que nous avons créé ... cela a vraiment été
excitant. Presse : Donc qui aura l'Academy Award pour le meilleur acteur
du film ? (Tout le monde rit) Chris
Lee : Je ne pense pas que quelqu'un ait
été nominé ... (rires) Presse : Il y a une nouvelle
catégorie, c'est vrai ? Chris
Lee : Oui, il y a une catégorie
pour les films d'animation. Presse
: Il était temps. Chris Lee : Oui mais je ne
sais pas s'ils iront jusqu'aux acteurs. Je peux vous dire, étant
membre de l'Académie, que quand vous êtes nominé,
les différentes branches le sont. Tout le monde doit voter
pour les meilleures images. Presse
: En tout cas, ne vous inquiétez
pas, les 250.000 lecteurs de mon magazine sont fans de Final Fantasy.
(Tout le monde rit) Presse : Mais, la clé est d'atteindre un public plus large.
Si vous racontez une bonne histoire, si vous imaginez des mondes
qui sont fasciants, alors les gens vont venir. Tant de films tirés
de jeux vidéo ont été des échecs car
ils n'étaient pas bien. Faîtes un bon film, et les
gens viendront (heureusement). Ce n'est pas toujours le cas, mais
... Chris Lee :
Cela vient essentiellement du fait que les droits d'adaptation d'un
jeu vidéo sont vendus à un studio. Des écrivain,
des directeurs étrangers qui n'ont aucun rapport avec le
jeu sont employés. Et je pense que c'est la grande différence
avec ce film. Ici, c'est le créateur du jeu qui fait le film.
Andy Jones:
la passion Des Chocobos dans
le film ? Presse
: Dans le fond, il n'y aucun rapport avec
Final Fantasy quand on y pense - l'histoire, les personnages, le
cadre - c'est plus Final Fantasy dans le nom, donc vous avez créé
votre propre monde et l'histoire est unique. Peut-être que
certains thèmes sont parallèles, mais ... Andy Jones : Les thèmes
sont parallèles. Chris Lee
: Les thèmes sont parallèles
et comme vous le savez, chaque Final Fantasy est différent
des précédents épisode. Le monde est différent,
les personnages sont différents. Le seul lien est les chocobos.
Presse :
Et comme bous l'avez dit, si vous regardez Wing Commander et que
vous ne connaissez pas le jeu, vous êtes totalement perdu.
Chris Lee :
Vous êtes vraiment perdu. Presse
: Et y a t'il des chocobos dans le film
? Chris Lee :
(Rires) Je ne peux le dire. Tant
de jeux mais si peu de temps
Presse : Etes-vous
fan de la série ? Jouez-vous aux jeux de manière générale
? Andy Jones :
(rires) Humm, je joue, ..., un peu, mais ... Square
USA Pr : Je n'ai pas le temps ! (rires)
Chris Lee :
Cela semble un peu difficile. Andy
Jones : J'ai vu toutes les scènes
cinématiques du jeu. Chris
Lee : Il y d'autres jeux auquels je voudrais
jouer aussi. J'aimerais essayer Parasite Eve, moi-même. C'est
presque un film. La scène dans Central Park est extraordinaire.
J'espère pouvoir y jouer un jour. La
fin de l'animation en 2D Presse : Nous semblons nous
focaliser sur les personnages, mais vous parlez aussi du design
des scène. Dans la partie à New York, cela ne ressemblait
pas à un film d'animation mais à un film. Andy Jones : Ouais, tous
les détails donnent vie au cadre et à la texture.
Vous ne croiriez pas comment certains gars ont travaillé.
Nous avons un département des décors et accessoires
qui crée tous - littéralement qui construit tous -
lrd petits détails comme les pneus d'une voiture. En 3D,
tout doit être aussi réel que possible. Cela m'a vraiment
de voir des objets avec autant de détails ! Chris Lee : Je pense que,
globalement, c'est la fin de l'animation en 2D. Je pense qu'à
cause des jeux esthétiques, nous leur avons donné
le goût de la 3D, ils veulent de l'image de synthèse.
Je ne sais pas comment ils font, mais dans la construction des arrière-plans,
c'est virtuellement un un jeu, et d'ailleurs, vous avez presque
l'impression de jouer. Ce ne sont pas des images passives. Certains
mouvements de caméras ne pouvaient être que réalisés
à partir d'un ordinateur. Mais les prises de vue de Hitchcock
sont aussi super ! Presse : Donc vous mélangez des idées du cinéma
traditionnel avec ce que vous voulez faire des caméras.
Andy Jones :
Oui, c'est cela. Il y a des scènes traditionnelles et réelles,
auxquelles les gens peuvent s'identifier, contrastées par
des mouvements de caméra nouveaux irréalisables dans
la réalité. Nous mélangeons effectivement les
deux. Presse : Quand pensez-vous que nous verrons les premières
bande-annonces du film ? Chris Lee
: A partir de Noël. La première
bande annonce devrait sortir en janvier. Square
USA Pr. : Bien plus tard que cela.
Chris Lee : Oh,
peut-être Mars-Avril. Square
USA Pr : Plutot fin printemps, début
été pour la première réelle bande-annonce.
Chris Lee :
Mais je compte beaucoup sur l'impact du site internet, qui est crucial
pour le marketing du film. Il y a également beaucoup de sites
de fans. Je pense que Final Fantasy est dans les 15 thèmes
qui rapportent le plus de hits [merci FFWorld !]. Près de
100 000 sites utilisent Final Fantasy comme thème [yep FFWorld
est l'un d'entre eux !]. En comparaison aux 47 000 sites sur Barbie
! Les fans aiment parler de Final Fantasy ! Presse : Merci pour cette
interview.
Dupuydups
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