L'interview
de Kunitake et James Rogers
Cette interview provient
du magazine Ciné Live. Tani Kunitake a créé
le storyboard du film, et l'australien James Rogers s'emploie à
recomposer et peauffiner une image unique à partir du travail
et des oeuvres de tous les animateurs. Voici donc une petite causette
entre les 2 extrémités de la chaîne :
Presse :
Est-ce que vous voyez la différence entre ce qui a été
dessiné il y a 2 ans et demi et ce qui a été
réalisé aujourd'hui ? James Rogers : Et coment ! Je ne peut plus voir ce que l'on a fait à
l'époque, tellement la qualité des images a évolué.
Et puis tout est plus simple maintenant. Au début, c'était
comme une terrible constipation, on avait du mal à sortir
quelque chose, mais on avait pas cessé d'apprendre au fur
et à mesure. Ce qu'on fait aujourd'hui en une semaine aurait
étéinimaginable il y a 2 ans et demi. Au début,
c'était l'aspect technique qui prenait le pas, maintenant,
c'est le coté artistique. Tani Kunitake : Les séquences qu'on avait dû supprimer parce
qu'on ne trouvait pas le moyen de les réaliser ont pu être
réintroduite tellement notre technologie s'est améliorée.
La mise au point d'un nouvel outil en entraînant encore un
autre, on s'est vraiment affinés avec la pratique et, parfois,
on a envie de refaire certains plans. Mais si on commence, on est
encore là dans 30 ans. Presse :
De quoi vous êtes vous inspiré ? James Rogers : Vermeer, Van Eyck et Rembrandt pour l'usage de la lumière.
La lumière peut transformer complètement un plan,
visuellement et émotionellement. Si je dois retravailler
un plan qui manque d'âme, j'examine leurs tableaux à
la loupe. Tani
Kunitake : Comme
je voulais sortir de l'imagerie habituelle de la SF, j'ai de mon
coté étudié des peintres comme Bruegel, Turner
et Gerôme. En ce qui concerne la mise en scène, je
me suis inspiré des films des années 70. A cette époque,
il y avait moins d'effets spéciaux et les caméras
étaient plus lourdes, plus stables, elles bougeaient moins.
Je voulais des mouvements de caméra plus traditionnels, pour
ne pas noyer le spectateur sous un déluge d'effets, de faon
à ce qu'il se focalise sur l'histoire et le réalisme
des personnages. La guerre des etoiles, 2001 l'odyssée de
l'espace et d'autres Kubrik ont été mes bibles. Ce
ne sont pas tant les effets de caméra qui font l'essence
de ces films que leurs imageries. Presse :
Et Hironobu Sakaguchi était d'accord ? James Rogers : On doit respecter la vision du réalisateur, mais
il n'est pas intouchable ou inabordable. Même si on est dans
le noir et qu'on a l'air d'être séquestré dans
nos boxs, on circule, on parle beaucoup entre nous, on échage
des idées, des informations, et ce, à tous les niveaux.
Dès que quelqu'un a un problème, il en parle aux autres,
le réalisateur compris, pour essayer de trouver une solution.
Ce n'est pas une méthode habituelle, mais c'est grâce
à cette collaboration étroite et à l'implication
de chacun que nous sommes parvenu à inventer de nouveaux
outils et à réaliser un film aussi novateur. Et en
plus, on est dans les temps. Incroyable, non ?
Dupuydups
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