Présentation
du jeu :
Il est aujourd'hui tristement reconnu
que la Dreamcast a eu une courte vie, et que, malgré la volonté
de Sega de vouloir faire perdurer la légende "Sega c'est
plus fort que toi" et de son fer de lance, la Megadrive, il
faut bien reconnaître que l'opération fut un échec
partiel. Pourquoi seulement partiel diront certains? Et bien tout
simplement parce que Sega a réussi à faire développer
plusieurs jeux excellents sur leur plateforme: Shenmue, Skies of
Arcadia, Phantasy Star Online, Sakura Taisen et aussi celui qui
nous intéresse plus particulièrement, j'ai nommé
Grandia 2 (on remarquera que la plupart des titres réussi
sur la 128 bits de Sega sont des RPG, ou s'en rapproche fortement).
Grandia 2 est la suite d'un premier opus,
Grandia, qui a sévi à son époque sur Saturn,
et qui avait ravi de nombreux joueurs par son ambiance, son aspect
technique, bref une vraie révolution en son temps. Tout comme
le premier épisode, Grandia 2 est l'oeuvre des développeurs
de Game Arts, qui ont sans doute reçu une visite divine pour
avoir réussi un tel coup de maître. La preuve? Une
réalisation de grande facture, une aventure très complète
et un gameplay qui apporte une nouvelle donne, dont il faudra tenir
compte pour les prochains RPG. Ici tout à été
pensé uniquement pour le plaisir du joueur que nous sommes
et cela donne une impression de renaissance au jeu de rôle.
Pour arriver à un tel résultat, Game Arts à
tiré des entrailles de la Dreamcast le paroxysme de ces possiblités
graphique: univers entièrement en 3D, couleurs et détails
à foison, et des personnages qui sont tout sauf des amas
de pixels désagréables à l'oeil.
Tout comme le jeux dans son ensemble, le scénario
fait bande à part par rapport à quelques autres productions.
Pas de héros naïf contraint par les circonstances et
par son dévouement à sauver une quelconque princesse
des griffes d'un méchant dans le style Gargamel & Co.
Ce scénario nous met en lieu et place de Ryudo, un garcon
mis à part et rejeté, ceci dû au fait qu'il
est un Geohound (un chasseur de monstre en VF). Ses relations difficiles
avec les gens qui l'entoure le font devenir méfiant et peu
désireux de se faire des amis. Et pourtant, l'aventure qu'il
va vivre et les personnages qu'il va rencontrer vont l'obliger à
changer son point de vue sur les autres. Mais ceci ne fera pas sans
accroc on s'en doute, tellement les caractères sont diversifiés
et opposés, ce qui engendrera des gags dans le plus pur style
manga (les amateurs comprendront). L'humour présent et le
charisme des protagonistes permet au joueur de faire partie intégrante
du groupe d'aventurier rapidement et de se consacrer entièrement
à la quête principale pour un bout de temps et ponctuée
de nombreux rebondissements. Revers de médaille du "tout
3D" les personnages ne peuvent exprimer leurs sentiments par
des expressions faciales. Pour remédier à se léger
désagrément, Game Arts a eu l'idée originale
de ponctuer les boîtes de dialogues d'images tellement diverses,
qu'elles peuvent exprimer tout les sentiments des protagonistes
au cours de l'aventure. De surcroît, certains dialogues des
plus important dans la trame scénaristique sont doublés,
mais ils sont hélas plutôt rares.
Comme précisé plus haut, le gameplay fait une mini-révolution
dans le monde du RPG, épaulé par un système
de jeu efficace, bien qu'il eut été déjà
de mise dans le premier opus. Les actions des personnages durant
les combats se font au tour par tour, géré par une
jauge qui permet de prévoir l'ordre d'action des combattants
(mmmm, ça sent le FF X). Tout l'aspect tactique réside
dans le fait qu'il faut gérer les distances et avoir
un bon timing: un coup fatal donné à un ennemi alors
qu'il s'apprêtait à effectuer une attaque l'annule
et repousse son prochain tour d'action et permet par la même
occasion à un allié de se voir offrir une possibilité
d'annihiler son adversaire. Comme à l'accoutumée,
les coups spéciaux et les magies sont dévastateurs
mais bien sur plus longs à effectuer (on ne peut pas tout
avoir non plus) et il va donc falloir prévoir judicieusement
leur placement dans la jauge d'action, ainsi que les parades (ce
ne sont pas des Rambos, ils n'encaissent pas tout sans broncher).
Ces dernières sont particulièrement intéressantes
dans leur aspect spatial: le personnage qui évite une attaque
peut se retrouver dans un coin isolé de la zone de combat
et lui donné une nouvelle occasion de faire des dégâts
dans les rangs ennemis en toute tranquillité. Mais attention,
les ennemis ne sont pas des nabots, ils peuvent faire de même;
stratégie et rapidité sont donc les maîtres
mots lors des combats. Il est aussi possible
de court-circuiter l'action d'un ennemi ayant la priorité
si ce dernier s'attaque à un personnage placé à
une grande distance. Toutes ces caractéristiques spécifiques
au système de jeu de Grandia 2 donne aux combats un dynamisme
incroyable, qui dépoussière l'aspect itératif
caractéristique de certains RPG. Pour preuve aussi la présence
des ennemis à l'écran de déplacement, ce qui
permet au joueur de choisir entre l'affrontement ou l'éviter.
De plus, d'autres choix cruciaux vont s'offrir au joueur: un système
complet de pièces magiques et spéciales servant de
points de compétence seront à disperser entre coups
spéciaux et sorts magiques des différents personnages
pour apprendre de nouvelles compétence ou pour les upgrader,
ce qui devient plus en plus intéressant au fur et à
mesure que l'aventure avance. Seule ombre
au tableau pour certains joueurs, c'est la non-traduction des voix
et surtout des textes, ce qui a eu sûrement pour effet de
limité son impact et son succès sur le public français
(déjà privé de nombreux titres excellents).
En contre partie, ceux qui auront ou ont eu le courage de se lancer
dans l'aventure ne seront pas déçu ou ne l'ont pas
été, je parle en connaissance de cause. Autre ombre
au tableau, la qualité plutôt très moyenne des
cinématiques sans compter les nombre et leur durée
plus que restreint, ce qui donne une impression de frustration lorsque
que l'on est passé par la case FF IX. En parlant de cinématiques,
il faut souligner celles qui sont déclenchées par
la plupart des invocations, plutôt étranges: mélange
de d'images de synthèse, d'anime jap' et d'animation utilisant
le moteur graphique du jeu. Un aspect qui aurait pu être corrigé,
d'ordre graphique, concerne les personnages et leur modélisation,
trop rigide en dehors des combats. Pour finir, l'aventure semble
un peu trop linéaire malgré un scénario béton
et des dialogues digne des meilleurs mangas.
En conclusion, le titre de Game Arts porte un nouveau regard sur
le monde des RPG, bien installé sur Dreamcast, avec un jeu
beau et passionnant malgré quelques failles, comme le fait
qu'il soit uniquement destiné à un public anglophone.
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